Je vous propose un témoignage, qui j'espère, vous permettra de ressentir les choses; le sentiment qu'une, femme éprise peut avoir, face à une situation qu'elle ne gère pas, qu'elle ne gère plus, un grand écart entre un homme qu'elle aime, mais qui la rabaisse.
Le témoignage est long, mais émouvant et intéressant, j'espère qu'il vous sera utile, à vous, ou à des proches, encore happées par l'engrenage infernal du Bezness.
"L’an dernier, je me suis rendue pour des raisons professionnelles, dans un Club de Vacances à Djerba. Passionnée par les chevaux, et cavalière moi-même, j’ai eu tôt fait de découvrir le ranch partenaire de l’hôtel.
Je fais une première balade avec un homme d’une trentaine d’année, qui me drague gentiment, sans insistance, et avec lequel j’ai passé un bon moment. J’ignorais qu’un autre homme au ranch m’avait déjà remarquée sans que je l’aperçoive.
Le second jour, tôt le matin, je retourne voir les chevaux, et je fais connaissance d’un jeune homme qui me propose de me ramener au club sur son cheval. J’accepte, ravie.
Nous discutons, et il me propose de faire une balade tous les deux sur le même cheval d’ici quelques heures. Je m’y rends, nous discutons et la drague commence, lourde, très lourde, évidemment en jouant sur le fait que j’étais cavalière et qu’il me fallait un homme dans les chevaux : un homme comme lui. J’étais la proie idéale : trentaine, célibataire, pas trop mal, et FRANCAISE !
Je décide de réserver une balade pour plus tard dans la journée.
Nous sommes plusieurs pour la balade de l’après-midi, et là, sous mes yeux, il commence à draguer une jeune femme. Je le prends avec le sourire, même si j’étais vexée, mais il vient me voir régulièrement pendant la balade en me disant qu’il veut m’épouser, qu’il est tombé fou amoureux et qu’elle c’est juste pour tirer son coup. Je ne cède pas.
Troisième jour, je refais une balade magnifique le matin. Il n’est pas avec moi. Je le retrouve à l’hôtel, et lui demande de s’expliquer sur son comportement. Il voulait me rendre jalouse, et m’aime énormément. Nous nous querellons comme un vieux couple, et quelques heures plus tard, nous étions ensemble.
Il a le culot de me faire un suçon dans le cou en me disant qu’à partir de maintenant je lui appartiens : je n’apprécie pas. Le soir, il est digne d’un gentleman, et m’emmène dans un appartement qu’il a loué pour la nuit. Je ne sais pourquoi mais je le préviens que ce n’est pas avec moi qu’il aura la nationalité française. Dans la nuit, il essaye d’avoir des rapports sans protection : je refuse.
Il ne cesse de m’appeler avant mon départ, et je n’éprouve pas grand-chose pour lui. Mais une fois rentrée en France, l’engrenage commence, la spirale débute, car je tombe follement, passionnément amoureuse de lui.
Je ne pense qu’à lui, et quelques jours après mon retour, je décide de repartir pour un WE en piochant dans mes économies. Je m’offre des vacances une fois tous les cinq ans, et pour moi ce WE est très important, d’autant plus que je n’ai pas eu de WE en amoureux depuis environ dix ans. Si je veux faire vite, c’est parce que je veux être fixée rapidement. Je suis gênée car il a 10 ans de moins que moi, mais il sait me convaincre.
Je l’appelle tous les jours, il me bipe, m’appelle quelques secondes très souvent le midi au bureau pour me dire qu’il m’aime, il m’appelle « bébé », « mon cœur », m’envoie des SMS enflammés. Il achète même une carte (unique fois) pour m’appeler 10 minutes. Il me promet un WE magnifique, le cheval sur la plage, des nuits d’amour à n’en plus finir. C’est la première fois que çà m’arrive, mon passé sentimental n’étant pas une réussite en soit, et c’est là ma fragilité.
Très organisée et prévenante (c’est qui m’a sauvée !), je lui dis que je ne pourrais pas payer la location car je payais mon billet, le taxi et la nourriture sur place. Il est d’accord…
Quelques jours avant mon départ, il me dit que la location coûtera plus cher que prévu (le prix double en quelques secondes) qu’il ne peut pas payer. Je lui dis qu’on se fiche de lui, et que je ne peux pas payer. Sa voix est différente. Il me demande d’acheter deux bouteilles d’alcool au duty free.
Je n’en achète qu’une seule ainsi qu’une cartouche de cigarettes pour nous deux. Il y a quelque chose que je ne sens pas mais j’étais loin d’imaginer quoi. J’étais pleine d’espoir malgré tout.
Arrivée à l’aéroport, il m’attend, mal habillé, me fait la bise en prétextant la religion, et me présente son oncle, le conducteur du taxi. Je paye les deux courses.
J’ai à peine le temps de poser mes affaires dans la maison, qu’il me demande les bouteilles. Je lui dis que je n’en ai qu’une. Rapidement, il passe un coup de fil et en quelques secondes une voiture ralentit devant la maison : S. donne la bouteille à l’homme.
Je reste sans voix et lui faire part de ma déception car je pensais que nous allions trinquer ensemble même si je n’ai pas l’habitude de boire de l’alcool. Il me raconte qu’il doit une bouteille à un copain. Puis, il me dit j’aurais pu lui ramener des vêtements quand même.
Je lui réponds qu’il n’en avait jamais été question.
Par la suite, il m’apprend qu’il travaille pendant ce WE, alors qu’il m’avait dit qu’il avait posé des jours de congés pour que nous soyons ensemble. Je lui fais part de ma seconde déception et il commence à se montrer agressif. Nous partons faire des courses, et en route, il me raconte son enfance malheureuse.
Je ne retrouve pas en lui l’homme que j’aime et la peur me gagne un peu.
Le lendemain, je le rejoins au ranch et l’aide à s’occuper des chevaux. Il est distant, froid, méprisant, indifférent. Il ne me parle pratiquement pas, ne me demande rien sur ma vie, ne souhaite pas voir les photos de mes amis et du cheval dont je m’occupe en France. Je paye les pots au café d’à côté, les courses, mais c’était convenu. Je suis un peu perdue, d’autant plus qu’on ne parle pas français devant moi.
La journée passe, et je ne sais plus ce que je fais là. Il marche loin devant moi, me parle méchamment, alors qu’il est prévenant avec les enfants, poli avec les autres personnes. J’ai le ventre serré, j’essaye de me rebeller, mais chaque fois c’est un coup de griffe.
Il me propose d’aller faire les courses lui-même pour le soir ; je lui donne de l’argent, mais plus qu’il n’en faut. Il revient avec juste de quoi manger et beaucoup de bière. Je ne vois pas ma monnaie.
Je finis le repas seule dans la cuisine car il est déjà devant la télé en train de boire « ma bière ». Je suis choquée, il n’y a pas de discussion, je ne comprends plus rien. Je lui reproche son manque d’éducation, il s’excuse.
Il me propose d’aller voir des amis, et je pense à cet instant que cela permettra de détendre l’atmosphère. Il n’en a rien été, je me suis retrouvée dans un hangar éclairé à la bougie au milieu de la paille et des chevaux (digne d’un film) avec plusieurs tunisiens qui buvaient de la vodka et semblaient ravis de voir que nous apportions des stocks de bières. Je me suis crue perdue pendant cinq secondes. On m’a juste un peu parlé, mais comme toute la soirée s’est déroulée en arabe, je me suis tue. Il ne s’adressait toujours pas à moi. Cà devenait un cauchemar.
Plus tard dans la soirée, son comportement change à nouveau, tendre, mais je ne suis plus à l’aise après les affronts que j’ai subi précédemment.
A forçe qu’il insiste, je commet une erreur, j’accepte qu’il ne se protège pas, suite à quoi il a le culot de me dire « j’espère que tu n’as pas de maladie ».
J’ai pleuré une partie de la nuit, seule dans la cuisine, en fumant des cigarettes : j’avais honte de moi, j’étais complètement perdue.
Je suis entière, et je ne peux pas garder les choses pour moi quand elles sont trop lourdes. Le matin au petit déjeuner, il remarque mes yeux rougis et j’explose. J’essaye de comprendre son changement de comportement. Il me dit qu’il est désolé, que je lui fais mal au cœur d’être comme çà et ne s’explique pas. Je le crois, parce que je l’aime et que je suis déstabilisée.
Mais quelques heures plus tard, il m’humiliera devant ses copains.
Le scénario de la veille se reproduit dans la journée, je ne parle pas, j’encaisse. Il ne m’appelle jamais par mon prénom, me hèle, me siffle quand je devais venir vers lui. Il faut toujours qu’il soit avec ses copains, je n’existe pas. Il me montre tout simplement et me rabaisse.
Je n’ai pratiquement plus d’argent et réussi à en retirer dans un hôtel. J’en prend suffisamment au cas où, mais je lui mens sur la somme exacte, tout comme je lui ai menti sur le montant de mon salaire quand il me l’a demandé.
J’ai le sentiment que si je lui dis combien j’ai tiré, il va tenter de me le faire dépenser.
Même l’unique balade à cheval est un calvaire : il me méprise, cherche à énerver mon cheval, m’agresse verbalement parce que j’ai mis une bombe et que çà laisse des traces sur mon front. Je ne me laisse pas faire, mais j’ai envie de vomir.
Après son travail, il rachète des bières au « black » avec mon argent et je ne vois toujours pas la monnaie. De retour à la maison, il mange le plat que nous a préparé sa mère : je réagis, mais il me répond avec agressivité que je mangerai plus tard. Il regarde le foot avec un copain en buvant. J’essaye de me rebeller, ses regards sont noirs. Son ami part, et il commence à jeter violement quelques canettes contre le mur, contre la table. J’ai peur.
Pour notre dernière soirée avant mon départ, j’espère enfin pouvoir obtenir un moment en amoureux et comprendre.
Je paye le restaurant, il me demande de l’épouser, il me dit qu’il a des problèmes, puis est de nouveau odieux, méprisant. J’essaye de savoir, mais tout est si flou.
Le reste de la soirée s’est déroulé devant la télé, il a bu au moins dix bières, m’a reproché de porter des lunettes de repos, je me sens humiliée
Dernier jour : c’est la fantasia. Qu’ils sont beaux ces hommes habillés en blanc sur leurs superbes chevaux, mais cette façade vaut-elle la peine de souffrir autant ? Oui, je suis fière de lui malgré toutes les humiliations. Cependant, je trouve que ce n’est pas le meilleur à cheval et secrètement, çà me fait plaisir.
Après le spectacle, nous partons tous déjeuner, avec tous les cavaliers, l’un d’eux me dit qu’il veut une femme comme moi. Je suis flattée parce que j’ignore ce qu’il veut dire vraiment.
Ca y est, c’est le moment du départ, nous attendons le taxi, à proximité, il y a des boutiques d’artisanat, il me propose de faire des achats, je refuse, je ne veux plus sortir d’argent devant lui. Il insiste et devient agressif, me reproche de lui avoir coûté de l’argent dans la location, qu’à l’avenir il faudra que ce soit différent. J’ai compris le message, je vais faire de la monnaie chez un autre marchand et lui donne 10 TND, très calmement. Il les prend.
J’ère dans l’aéroport, j’ai l’impression de ne plus avoir d’identité. J’achète quelques souvenirs pour mes amis mais pas pour moi, je fume au café, j’essaye de traiter les informations dans ma tête les unes après les autres, j’ai encore peur et surtout je retiens mes larmes. Je crois que je n’ai jamais autant souhaité qu’un avion décolle, que je n’ai jamais été aussi heureuse d’arriver sur le sol français.
Comme convenu entre nous, je l’appelle 30 secondes pour lui dire que je suis bien arrivée. Il me dit que j’ai une drôle de voix. Je ne respire pas parce que je ne veux pas qu’il m’entende pleurer. Je dis que j’ai eu froid dans l’avion.
Le lendemain les bips ont recommencés. J’étais sous le choc émotionnel mais je n’ai pas perdu de temps pour faire des analyses. J’ai trouvé le courage de lui envoyer un SMS en lui disant tout ce que je pensais : qu’il n’en voulait qu’à mon argent, qu’il ne m’aimait pas, qu’il était odieux et égoïste. Par la suite, il m’a bipée jusqu’à 14 fois dans la journée, m’envoyait des SMS où il s’excusait car il avait plein de problèmes, qu’il m’aimait vraiment pour ce que j’étais. J’ai fini par céder quelques semaines plus tard, parce que je l’aimais sincèrement. J’ai voulu croire qu’il pourrait changer, que je pourrais lui laisser une seconde chance, mais au fond de moi, je savais que je ne serai plus comme avant, qu’il avait brisé quelque chose et que les morceaux ne se recolleraient pas.
Néanmoins, je ne me sentais pas capable moralement de gérer ce WE où ce fût pour moi l’enfer sur terre, et une rupture parallèlement. Il me fallait du temps. Je devais d’abord comprendre son comportement durant ces quelques jours : je ne savais pas à ce moment-là que les « bezness » existaient.
Quand j’ai commencé à le rappeler, puisqu’il me le demandait par SMS, il a été de nouveau odieux. Il a continué à me dire qu’il était dans la merde et qu’il avait besoin de 500 € pour payer une facture. Il me raconte qu’il est le seul à nourrir sa famille, qu’il faut qu’on se marie pour que je le sorte de sa merde. Encore une fois je ne cède pas. Je lui réponds que je n’ai pas cet argent et que je n’épouserai pas un homme que je ne connais pas et qui s’est montré ignoble. Il se calme et je commence à penser à un éventuel retour à Djerba. Quand je lui ai dis que je serai sans lui dans l’hôtel, il n’a pas compris que je ne lui paye pas sa semaine de vacances (je rêve !!!!). Mais encore une fois, je lui ai répondu que je ne roulais pas sur l’or et que nous pourrions éventuellement passer quelques nuits ensemble. Il a accepté.
Et puis, la goutte en trop est tombée dans le vase…
Quelques semaines après mon retour de Tunisie, je découvre qu’il a manqué de me refiler une MST, heureusement dépistée à temps, je décide de rompre, cette fois c’est trop, je lui dis de s’en trouver une autre, avec de l’argent.
Il me répond que c’est moi qu’il aime et que les autres ne comptent pas. Je décide d’arrêter provisoirement parce que je n’ai toujours pas la force d’arrêter la spirale définitivement. Je l’aime et reste accroché à lui comme un chewing-gum à la semelle de sa chaussure, mais cette rupture provisoire me fait du bien.
C’est l’hiver, il me dit qu’il n’a plus de travail, et moi je suis entrain d’organiser un futur séjour en Tunisie. Par contre, cette fois-ci, il ne payerait rien. Je refuse. Il me promet d’être attentionné, d’autant plus qu’il n’a rien à faire de la journée. Je lui dis que je ne peux pas dépenser beaucoup pour ce séjour : il me demande de faire un crédit. Je ne cède pas, mais lui fait part de ma peur de le perdre car je ne suis pas assez riche. Je lui répète qu’il lui faut une femme qui ait de l’argent, ce fût la gaffe de sa part en guise de réponse : « il n’y a pas de touristes en ce moment ». Je suis restée sans voix.
Et puis, j’ai senti qu’il ne fallait pas que j’y retourne, même seule dans un hôtel il me pourrirait la vie, et surtout ma santé. Je n’ai pas pris de réservation. Je voyais surtout les problèmes financiers avancer à grands pas. Je préparais le terrain de la rupture malgré mes sentiments. J’étais fatiguée de toujours payer.
Au téléphone, je lui ai avoué que je ne viendrai pas, que c’était à mon tour d’être dans la merde. J’ai trouvé des prétextes, qui n’étaient pas faux certes, que je ne pouvais plus avoir de notes de téléphone astronomiques. La réponse fût très simple au bout de quelques minutes : « laisse tomber c’est pas grave » et il m’a lâchement raccroché au nez. Cette fois-ci, je l’ai remercié au fond de moi de m’avoir tendu la main pour arrêter cette spirale.
J’ai passé plusieurs soirs à pleurer, amoureuse, déçue, blessée, avec un sentiment de culpabilité et de salissure, même si c’était la délivrance. Et puis ma mère m’a appelée pour me parler de cette émission sur M6, elle me disait qu’elle avait pensé à moi. Je suis allée sur internet, j’ai commencé mes recherches, et le voile qui était devant mes yeux depuis bientôt 4 mois est tombé. En quelques heures, j’ai repris les cubes de mon histoire, et ils se sont placés au bon endroit. Alors j’ai pu lire mon histoire, la véritable. J’ai pu enfin comprendre pourquoi j’avais vécu un WE horrible, pourquoi j’avais été humiliée, rabaissée : je n’avais pas cédé, je n’étais pas rentrée correctement dans son ignoble jeu, son affreuse chasse à l’argent, sa recherche sans scrupules et par tous les moyens de la nationalité française.
C’est très difficile de se dire qu’il ne m’a jamais aimé pour ce que j’étais, qu’il n’a jamais été sincère, qu’il m’a menti depuis le premier jour. Ce n’est pas la rupture d’une simple histoire sentimentale, c’est pire que çà…"