lundi 12 juillet 2010

L'Eldorado

IL en rêvait depuis petit, fouler le sol Européen.. et il l'a fait.

Déjà, il tombe des nues de constater qu'en Europe, t'as pas besoin de prendre un autobus pour passer de l'avion au hall !!
Bon, il a le cœur qui bat à tout rompre au moment de passer les contrôles de police, le gros moustachu qui le toise avec un regard qui ne souhaiterai que le voir expédier dans son pays, dans un charter pourrave où tu dois même payer ton verre d'eau. La classe.

Il suit le flot des voyageurs à travers les couloirs aseptisés, récupère ses maigres bagages et déboule dans l'aéroport. Sa femme - merde, il réalise enfin, c'est sa femme.... - et il va devoir la supporter (et la baiser, à priori) pendant au moins X années.

La première semaine, c'est le temps de l'éblouissement, il n'avait jamais vu autant de voitures aussi concentrées, et la plupart, même pas rafistolées !! Les gens font les courses de la semaine et déboursent sans ciller 100€ en liquide. Et puis il y a tellement de choix, même pour acheter du papier toilettes, tu peux en avoir à petites fleurs, enrichi à l'aloe véra, ou encore soufflé à l'air chaud pour plus de confort sur les royaux postérieurs européens...

Le premier mois, c'est le temps des photos, photo en pull over et lèvres gercées sur le balcon, en doudoune sous la neige, en pose "bogosse-attitude" devant une Mercedès qui bien sûr ne lui appartient pas, photo devant le Mc Do du coin, photo avec une liasse d'Euros gentiment prêtée par sa femme.

Le premier trimestre, c'est la glandouille.
Les photos du 1er mois sont bien sûr envoyées à la famille, pour montrer à quel point la vie est magnifique en Europe - encourageant donc tous les autres à vouloir s'y rendre bien-sûr -
Monsieur dort et fait la grasse mat', madame se lève, va travailler, ramène l'argent au foyer, et évidemment équipe son compagnon de tout le nécessaire pour survivre en Europe, un portable, des vêtements chauds, des vêtements pas chauds mais présentables, car elle imagine que le compagnon, vêtu de son nouveau costume, s'en ira chercher du travail et non pas écumer les bars de Strasbourg St Denis.

La première année, ça passe ou ça casse.
C'est carrément pas dans l'intérêt du Bezness de se faire griller avant d'avoir le titre de séjour de longue durée. S'il est vraiment motivé, il trouvera même un job, souvent minable et mal payé, dont il enverra de toute façon la majeure partie à sa famille au bled, et l'autre partie cachée sous le matelas, tout en continuant de se faire payer vêtements et cigarettes par sa femme, qui s'y est habituée, à force...
Oui mais attention, pas si vite, le job, si job il y a, il ne le cherchera pas tout de suite, seulement après de nombreuses disputes avec sa femme, voire lorsque ELLE lui aura dégotté l'emploi.
Emploi auquel évidemment, il n'est même pas assuré qu'il se rende.
"le patron ne me respecte pas", clamera-t-il, en se vautrant à nouveau dans le sofa.

On dit que le naturel revient au galop, parfois, c'est vrai, le novice, évidemment qui aura joué la comédie depuis plusieurs années, risque, vivant en permanence avec la femme, de se dévoiler, manque de tendresse, absences prolongées, mensonges...

Si la femme, fatiguée, meurtrie, vexée commence à se douter de quelque chose, et que monsieur est toujours sur la sellette, attendant son titre de séjour, "faisons un bébé ma chérie."

Et c'est reparti comme en 40...

Selon les pays, le titre de séjour peut se faire plus ou moins attendre.
D'après ce que j'ai compris, au mieux, le mari disparait dans le mois suivant l'obtention du titre.
Au pire, après avoir plumé la femme, voire commis des violences conjugales, il se barrera sans plus jamais donner de nouvelles.

On prend les mêmes et on recommence

Au point où on en est, vous l'aurez compris, l'été, j'ai peu de temps pour vous raconter ma life.

Cependant, l'été c'est aussi une période fort intéressante pour l'observation.

Déjà, pour commencer, c'est la saison des mariages, surtout avant le ramadan, qui, comme vous le savez, tombera cette année en Août, donc, à celui qui veut épouser sa grosse, vieille et laide européenne friquée, faut se dépêcher.

Tunisiennes et Européennes, futures mariées, se pressent donc au hammam, et se font belles pour leur prince toujours pas si charmant que ça.
Tunisiennes parce qu'elles en rêvent depuis petites, trouver un mari, devenir une femme respectable et tout ça, Européennes parce que lundi-je-reprends-le-boulot et que peut-être le chéri sera dans l'avion aussi ??

Au mois d'Octobre, alors que les Tunisiennes seront en pleine période de divorces, après l'éveil brutal post mariage arrangé, le mari ayant empoché la dot de la jeune (plus tellement) vierge, s'en retournera au café alors que la donzelle pleurera cet echec si humiliant, les heureux Bezness eux, feront leur valise, pour rejoindre leur dulcinée dans son pays, quelque part en Europe, l'alliance dans la poche, au cas où, on sait jamais à l'aéroport, il y aura peut-être quelque chose d'autre à tirer ?

Oups je m'égare, ou pas, c'est selon...

Revenons à nos moutons, l'été donc, c'est la saison des mariages, l'automne, la saison de la grande migration vers l'Eldorado au ciel pollué et mirages de BMW rutilantes garées à chaque coin de rue.

Mais l'été, c'est également la saison des stages, comme chez nous, les jeunes vont se former pour apprendre leur futur métier, et ça vaut aussi pour les Bezness.
Les plus jeunes vont faire l'école du terrain, sur la plage, dans les ranch, les boutiques, et, mimant leurs aînés, tenter d'approcher la gazelle Européenne, laide, friquée et en manque d'amour.

Ainsi, les jeunes Bezness fraichement diplômés de l'école de la drague remplaceront ceux qui s'envoleront plus au Nord.

Et le cercle recommence.. encore et toujours.

Ce qui est intéressant, c'est de voir la suite.

Pour cela, j'ai discrètement épié un Bezness, qui a réussi à partir en Europe.

Mais pour celà, un nouveau post s'impose !